Bon… Ce ne sera pas encore pour cette fois

J'ai été patraque. Possiblement une attaque virale quelconque qu'il convient de traiter avec le plus grand mépris. Elle ne m'a pas tué et c'est satisfaisant. Aujourd'hui, ça va mieux. Un peu mieux. Ce n'est pas encore la forme époustouflante et éclatante mais, tout de même, j'ai commencé la journée, avant l'aube, en traitant un dossier de photographies pour un client.
Lundi, je sentais qu'il y avait un truc qui commençait à clocher. Le café avait un goût dégueulasse, le nez coulait et un léger mal de crâne apparaissait. Pour autant, j'ai passé la journée un peu comme à l'habitude et, le soir, j'ai pris un repas avant d'aller me mettre sous la couette. Au matin suivant, après une nuit mouvementée et un nez résolument bouché, je me décide à affirmer officiellement être malade ou, pour le moins, pas trop en forme.
Hier soir, pour la première fois depuis lundi, j'ai mangé. Et ça m'a bien plu, finalement. J'ai plutôt bien dormi après m'être endormi assez tôt. Pour autant, si je me sens bien mieux, je ne vais pas prétendre être d'attaque pour affronter dans la journée l'ascension de l'Everest et du Kilimandjaro. Faut dire que je n'ai rien à faire à ces altitudes.
Durant les heures passées au lit couvert de couches de couvertures et de couettes, d'édredons et de courtepointes, j'ai passé une partie du temps, lorsque je ne tentais pas de roupiller, à regarder des séries télévisées françaises dont certaines qui étaient vraiment nulles. Dans la nuit de mercredi à jeudi, puisque je ne dormais toujours pas aux alentours d'une heure du matin, j'ai regardé un reportage traitant de la question de la restauration de ND de Paris. Ça durait presque deux heures et ça m'a bien agacé sur plusieurs points dont, entre autres, la présence et les propos idiots de notre président de la République (je ne l'aime pas).
Je pense que je vais continuer à me mettre au lit pour la journée.

Profession retrouveur

Il y a de cela quelque temps, on s'est moqué de moi et de ma capacité surhumaine à égarer tout un tas de choses. En l'occurrence, l'objet de cette moquerie concernait une carte Vitale détériorée (la puce avait décidé de prendre sa liberté) présente sur ma table sous une pile de papiers et d'autres trucs que l'on trouve couramment sur toute table qui se respecte. Du moins chez moi.
J'ai d'abord argué du fait que oui, cette carte Vitale était bien inutilisable en l'état mais que, pas de souci, j'en ai une nouvelle. Et là, sûr de moi, j'ouvre mon porte-feuille où je pense trouver cette carte. Elle n'y est pas. Alors, je me dis que c'est simplement qu'elle est ailleurs et que je pense savoir où. Bien entendu, ce n'est pas là où je pense trouver la carte et elle n'est pas non plus à cet autre endroit où je pense qu'elle peut se trouver.
On rigole de cela, on se moque et je me dis juste que cette carte est peut-être bien celle que je me souvenais vaguement avoir reçue quelques mois auparavant. Je mets dans un coin de ma tête l'idée d'en demander une nouvelle au plus tôt tant, et cela m'a bien été répété, il est important d'avoir une carte Vitale pour le cas où un perfide ennui de santé venait à survenir à l'insu de mon plein gré. Bien entendu, me connaissant un peu, vous comprendrez que je ne procède pas à cette demande de nouvelle carte Vitale.

Hier matin, alors que je cherche un dessin et que je remue une pile de papiers, je découvre une enveloppe de l'Assurance Maladie. Elle n'a jamais été ouverte. Je tente de la plier et je note qu'elle doit contenir quelque objet plus rigide qu'une simple feuille de papier. Je suis persuadé d'avoir retrouvé cette carte Vitale et je m'engage à la placer en un endroit où je la retrouverai la prochaine fois que je la chercherai. Rien ne presse.

Grand reporter à moto

Si l'on devait s'en tenir à la vérité il nous faudrait nommer notre grand reporter par son vrai prénom mais celui-ci préfère que l'on utilise cet autre prénom qu'il a choisi pour son étymologie grecque qui le définit si bien. Nous l'appellerons donc Grégoire.
Grégoire, donc, est grand photo-reporter pour le petit quotidien de Bazels-sur-Vourre qui peine à écouler son tirage de 100 exemplaires. Chaque jour de l'année, il enfourche sa terrible machine pour couvrir les événements qui ne manque pas de survenir dans la petite commune. S'il est sans doute le meilleur photographe du journal (il en est aussi l'unique), il peut se targuer d'avoir ce que l'on appelle une « belle plume » et de maîtriser à la perfection et ceci presque sans fautes d'orthographe la langue française. Du reste, les quelques lecteurs de ses papiers ne manquent pas de le féliciter.
Ce matin là, Grégoire est "sur le coup" d'une grosse affaire. Au petit matin, le père Jobard a renversé la remorque de son tracteur en plein centre-bourg et le chargement est allé jusque dans les locaux de la charcuterie Jobard et fils. Comme tous les Jobard de la commune, tous de la même famille à un degré ou à un autre. Et ce n'est pas un hasard si Grégoire est le cousin de Lucien Jobard, le célèbre charcutier de Bazels-sur-Vourre réputé pour sa terrine au cochon et aux herbes du jardin.
Sur la place de l'église, Bernard Jobard et Lucienne Jobard, respectivement maire et adjointe au maire de la belle commune de Bazels-sur-Vourre et frère et sœur l'un de l'autre et inversement, sont déjà sur les lieux. Déjà, les badauds se réunissent et donnent leur point de vue sur la meilleure façon de sortir par le haut de cet état de crise qui ne manquerait pas de perturber la circulation si jamais quelqu'un d'étranger à la commune venait à s'aventurer là.
Madeleine Jobard, après avoir salué Henri Jobard, son demi-frère par alliance, pressa la pas en claudiquant pour prendre dans ses bras sa cousine germaine Germaine effondrée de voir tant de malheur de telle sorte que l' « on en avait pas vu de semblable depuis la dernière guerre ». Baptiste, le fils aîné de son père Jobard grimpe sur le tas de betteraves à vache et s'acharne à jeter les tubercules dans la remorque renversée sans comprendre que sa tâche désespérée est vouée à l'échec. La tension est palpable.
D'un coup, le ronflement de la motocyclette se fait entendre et pour tous, c'est bien le signe que Grégoire va bientôt arriver. Tout un chacun s'arrange pour la photo qui sera dans une prochaine édition spéciale du journal local. En moins de cinq minutes, le reporter est déjà là et réalise quelques photographies dont il a le secret. Après que tout cela a été consigné sur la pellicule, le maire, sa sœur, ses cousines, cousins, tantes et oncles, enfants et ancêtres se dirigent vers la salle communale où vont être servies quelques boissons réconfortantes et désaltérantes.
Après ces libations, il est décidé que l'on laissera là les betteraves fourragères et que l'on mènera vaches et cochons sur place pour qu'ils se régalent. Et comme on le dit souvent à Razels-sur-Vourre : Tout est bien qui finit bien !

Grégoire et sa fidèle motocyclette

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